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Je vis que dès l'enfance au cloître destinée,

Moi-même par mon choix je m'étais enchaînée,

Que mon père affermi dans ses engagements, [485]

Ne consulterait pas mes nouveaux sentiments,

Qu'à son ambition j'allais être immolée ;

Je me sentis alors de mes maux accablée,

Alors je m'indignai du fardeau de mes fers,

Et je tendais les mains à des liens plus chers. [490]

J'aurais voulu franchir la terrible barrière,

Et me réfugier dans le sein de ma mère.

Au moins j'y déposai mes plaintes, mes douleurs,

Mes feux longtemps secrets, mes funestes ardeurs.

Elle a vu de ce cœur la cruelle blessure, [495]

Elle a versé sur moi les pleurs de la nature,

Promis de tout tenter pour adoucir mon sort,

Mais que me sert hélas ! Un inutile effort ?

Que peut-elle ? Elle-même est dans la dépendance,

Son époux a sur elle une entière puissance. [500]

Enfin vous le voyez, on a marqué ce jour

Pour prononcer des vœux, et des vœux sans retour,

On m'impose une loi que je ne peux plus suivre ;

On ne s'informe pas si j'y pourrai survivre.

Qu'ai-je donc fait hélas ! Pour tant de cruauté ! [505]

Et j'irais aux autels trahir la vérité !

J'irais mentir au dieu qui lira dans mon âme !