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Que mon exemple au moins détrompe Mélanie. "

Elle m'apprit son sort : un malheureux amour,

Qu'il fallut dans ce cloître étouffer sans retour, [350]

Avait rempli son âme et consumé sa vie.

Du récit de ses maux je demeurai saisie.

C'étaient les derniers cris et les gémissements

D'un cœur que ses chagrins ont oppressé longtemps

C'était d'un long malheur l'histoire attendrissante, [355]

Que l'accent de la mort rendait plus déchirante.

Je n'y pus résister : pleine de ses douleurs,

Je tombai sur son lit en l'arrosant de pleurs.

Un si juste intérêt pouvait-il se contraindre ?

Pour la première fois elle s'entendit plaindre, [360]

Et ma pitié parut adoucir son trépas.

L'infortunée alors me serra dans ses bras.

Je sentis que ses pleurs inondaient mon visage,

De mes sens trop émus je perdis tout usage,

Et quand je les repris, elle ne vivait plus. [365]

Ses bras déjà glacés sur ma tête étendus,

Ses yeux de la douleur gardant le caractère,

Et vers le ciel encor élevant leur paupière,

Semblaient lui demander d'épargner à mon coeur

Tous les maux dont sa mort m'avait tracé l'horreur. [370]

LE CURÉ

Ô ! Parents inhumains ! Voilà donc votre ouvrage !

MÉLANIE