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Baignent pendant la nuit les couches solitaires,

Que l'on demande au ciel trop lent à s'attendrir [145]

Ou la force de vivre ou celle de mourir.

Peut-être que leurs maux par le temps s'adoucissent,

Que dans des yeux éteints les pleurs enfin tarissent.

Un morne accablement qui ressemble au trépas

Succède au désespoir, à ses bruyants éclats. [150]

Mais ce calme perfide est voisin de l'orage.

On en sort bien souvent par des accès de rage.

C'est le poison trompeur qui promet le sommeil,

Et les convulsions sont l'effet du réveil.

MONSIEUR DE FAUBLAS

Sans doute en me traçant cette image effrayante, [155]

Vous voulez m'inspirer une fausse épouvante

D'un état doux et saint où je vois chaque jour

S'engager sans scrupule et la ville et la cour.

Ma conduite, je crois, n'a rien de condamnable.

Si cet état d'ailleurs était si redoutable, [160]

Pourquoi donc verrions-nous ceux qui l'ont embrassé

S'efforcer à l'envi dans leur zèle empressé

De ranger sous leur loi de nouveaux prosélites ?

Ils doivent d'un tel choix connaître bien les suites,

Et par quel intérêt peut-on imaginer [165]

Qu'ils entraînent au piége au lieu d'en détourner ?

MADAME DE FAUBLAS

Par un sentiment vil, cruel, abominable,

Trop indigne de l'homme et pourtant véritable.