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Le premier pas suffit, tout en dépend peut-être,

Et le point important est d'approcher du maître.

Mais de notre maison l'avancement prochain

Exige quelque effort : je m'y résous enfin. [10]

Ce n'est pas après tout un si grand sacrifice.

Mélanie au couvent depuis deux ans novice,

Formée à la retraite en ses plus jeunes ans,

Semblait en avoir pris les goûts, les sentiments.

Au plan que j'ai suivi se prêtant par avance, [15]

Elle nous demandait le voile avec instance,

Et dans le cloître alors trouvant tous ses plaisirs,

Y voulait pour jamais enfermer ses désirs.

D'où naît le changement qu'aujourd'hui l'on m'annonce,

À ses premiers desseins d'où vient qu'elle renonce ? [20]

S'il faut vous déclarer ce que j'en crois ici,

Votre parent Monval la fait changer ainsi.

Devant elle jamais il n'aurait dû paraître.

C'est grâce à vos bontés qu'il a pû la connaître,

Et c'est bien malgré moi, je le dis entre nous, [25]

Que Monval au couvent la voyait avec vous.


MADAME DE FAUBLAS

Je n'ai pu refuser cette faveur légère

À la tendre amitié qui m'attache à sa mère,

Au sang qui nous unit : ce jeune homme d'ailleurs

A le cœur noble et droit, a des vertus, des mœurs. [30]

Il est impétueux, aisément il s'enflamme,

Et toujours sans contrainte il laisse agir son âme.

Qui n'a rien de honteux dans le fond de son cœur

Ne craint point de l'ouvrir, et parle avec candeur.

C'est toujours devant moi qu'il a vu Mélanie, [35]

Et dans tous ses discours règne la modestie.

Mais quant à votre fille, à ne vous rien cacher,