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LA FLEVR D'ORANGE 27.


Madrigal.

 

Dv palais d'emeraude où la riche Nature
M'a fait naistre et régner auecque maiesté,
le viens pour adorer la diuine beauté
Dont le Soleil n'est rien qu'vne foible peinture.
Si ie n'ay point l'éclat ni les viues couleurs
   Qui font l'orgueil des autres Fleurs,
Par mes douces odeurs ie suis plus accomplie,
Et par ma pureté plus digne de Ivlie.
le ne suis point suiette au fragile destin
   De ces belles infortunées
   Qui meurent dès qu'elles sont nées.
Et de qui les appas ne durent qu'vn matin ;
Mon sort est plus heureux, et le ciel fauorable
Conserue ma fraîcheur et la rend plus durable.
Ainsi, charmant objet, rare présent des Cieux,
Pour mériter l'honneur de plaire à vos beaux yeux,