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de Mme de La Guette.

révérence que comme à l’ordinaire. Dans ce moment ils s’embrassèrent. Chacun témoigna de la joie, et nous particulièrement, qui étions les parties plus intéressées.

Après notre remerciement fait en peu de mots à M. d’Angoulême, je courus à la chambre de cette bonne princesse et me jetai à genoux dans la ruelle de son lit, lui disant : « Madame, vous venez de faire une œuvre que Dieu récompensera infailliblement ; du moins je l’en supplierai toute ma vie. Je suis à vos pieds. Madame, pour vous en rendre un million de grâces. » Elle me fit lever et me dit : « J’ai de la joie que la chose soit faite. Je vous aime ; priez Dieu pour moi ; car je crois que je ne relèverai pas d’ici. » Je pris congé d’elle pour ne la pas importuner davantage, et m’en allai dans la chambre de ma sœur, où je trouvai mon père avec ses amis qui avoient été présents à notre accommodement. Mon mari étoit d’un autre côté qui pestoit à son aise ; car tous ces messieurs lui dirent : « Gouvernez bien votre beau-père ; mais ne le voyez pas. » Cela le mit dans le dernier emportement, puisque tout son dessein étoit de le voir, de l’honorer et de le servir, comme il devoit ; si bien que comme c’étoit le plus violent de tous les hommes, il dit dans son transport à son laquais : « Va dire à ta maîtresse qu’elle vienne promptement, que je lui veux donner un coup de pistolet. » Ce pauvre garçon, qui étoit allemand, accourut au plus vite me trouver, pour me dire en présence de