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de Mme  de La Guette.

tâmes tous trois à cheval et prîmes le galop. J’avois un plaisir extrême de leur jeter de la poudre aux yeux ; car j’ai été en mon temps bonne cavalière, et bien des gens se faisoient un divertissement de me voir pousser un cheval. Quand nous fûmes arrivés chez la nourrice, mon mari courut embrasser son enfant, et lui mit son épée au côté, en lui disant : « Je souhaite que tu sois un jour grand capitaine et homme de bien. » Il a passé pour l’un et pour l’autre pendant sa vie, et le souhait de son père a été accompli. Nous fûmes quelque temps à nous divertir avec nos amis, tantôt de çà, tantôt de là. Il arriva dans ce même temps que Madame d’Angoulême vint à Grosbois et y tomba malade de la maladie dont elle mourut[1]. Cette bonne princesse voulut faire mon accommodement, comme elle m’avoit fait espérer, et pour cet effet elle envoya quérir mon père, qui ne manqua pas de se rendre à ses ordres. Aussitôt que Son Altesse l’aperçut, elle lui dit : « Monsieur de Meurdrac, j’ai une chose à vous demander, et je crois que vous ne me la refuserez pas. » Mon père lui dit : « Madame, je suis ici pour recevoir l’honneur de vos commandements et pour obéir. » — « Je souhaite, lui dit-elle, que vous pardonniez à votre fille et que vous l’embrassiez, et son mari aussi, pour l’amour de moi. Je serai bien aise que cela

    lontaire sous le maréchal de Créquy en Italie. On verra plus loin qu’il y avoit dans le voisinage de Mandres un seigneur de Courcelles, qui avoit épousé une dame Guillemette de Salvatory.

  1. La duchesse d’Angoulême mourut à Paris le 12 août 1636.