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de Mme  de La Guette.

tion de tous les gens qui l’ont connu, grands et petits, en France et aux pays étrangers.

Cependant madame la duchesse d’Angoulême vint à Grosbois. Je ne manquai pas à mon devoir : je l’allai saluer. Elle ne m’eut pas plus tôt vue au visage qu’elle me dit : « Vous êtes grosse, madame de La Guette. » — « Je le crois, Madame, lui dis-je ; Votre Altesse ne se trompe pas. » — « Eh bien, dit-elle, puisque cela est, je souhaite que mon petit-fils, le comte d’Auvergne[1], tienne votre enfant avec mademoiselle de La Luzerne. » Je lui fis une profonde révérence, et la remerciai le plus civilement qu’il me fut possible. Je demeurai là quatre ou cinq jours, car j’étois assurée que cette bonne princesse me voyoit avec plaisir. Elle me dit aussi qu’elle vouloit faire mon accommodement avec mon père, sitôt que mon mari seroit de retour, et qu’elle croyoit mieux réussir que M. le duc d’Angoulême, qui avoit pris la peine de lui en parler et ne l’avoit pas voulu pousser ; mais que pour elle, elle étoit résolue d’en venir à bout. Je lui dis : « Madame, Votre Altesse fera une grande œuvre et qui sera agréable à Dieu ; » car la bonne princesse n’en faisoit point d’autres. Il courut pour lors un bruit que mon mari avoit été tué en Flandre, à l’approche d’un château ; et même on l’assura à Monsieur d’Angoulême, qui commandoit

  1. Louis de Valois, comte d’Auvergne, né à Paris en 1611. Il mourut encore enfant.