Page:La Guette - Mémoires, 1856.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
Mémoires

Coulange[1], et l’autre madame de Masparault[2], toutes trois fort connues par leur naissance et par leur rare mérite. Ces dames, d’une vertu consommée, me prirent en affection parce que ma manière de vivre ne leur déplaisoit pas. Comme j’étois jeune, leur bon exemple me fut fort avantageux ; et je puis dire que je fus très-heureuse de tomber entre leurs mains au sortir de celles de ma mère, parce qu’il y avoit beaucoup à profiter à leur conversation. Je voyois encore d’autres femmes dans le même lieu et dans le voisinage, qui me rendoient des visites et faisoient cas de moi. Outre cela, ma sœur demeurant à Grosbois, nous nous voyions souvent. Elle étoit d’un si bon naturel que nous n’étions jamais plus contentes que lorsque nous étions ensemble. Je recevois ainsi et faisois plusieurs visites ; et je voyois aussi ma bonne et chère mère, quoiqu’à la dérobée et assez rarement.

Trouvant la campagne de mon mari un peu longue et ennuyeuse, je ne pus pas m’empêcher de lui envoyer en Allemagne mon portrait, par un laquais, et une lettre pressante pour son retour. Ce laquais alla droit à Nancy pour marcher avec le premier convoi, comme il fit. Il fut assez heureux pour rencontrer son maître, qui commandoit un

  1. Marie Lefèvre d’Ormesson, femme de Philippe de Coulanges, maître des comptes. Elle mourut le 5 juillet 1654.
  2. Marthe Thomas, femme de Gabriel de Masparault, seigneur de Grandval, conseiller au grand conseil.