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Mémoires

des logis de la maison du roi, et que ce seroit bien mon avantage et que je ne devois plus songer au sieur de la Guette ; que mon père ne consentiroit point à notre union, quoi qu’il pût arriver, et souhaitoit savoir de moi si j’étois toujours résolue de le vouloir. Je lui témoignai que j’avois changé de sentiment et que je l’assurois que je ne l’épouserois jamais ; et même je lui en donnai ma foi. Je le pouvois bien faire puisque l’affaire étoit déjà consommée. Il me demanda ensuite si j’approuvois sa proposition ; à quoi je repartis que je n’avois plus de volonté, parce que les femmes mariées qui sont sages n’en doivent pas avoir. Il prenoit ma réponse dans un autre sens. Il retourna trouver mon père, lui porta cette bonne nouvelle. Mon père en eut bien de la joie et me la fit paroître une heure après ; car il vint dans ma chambre fort gai et me dit : « Ne vous ennuyez pas dans votre solitude ; vous serez bientôt libre, puisque vous rentrez dans votre devoir ; laissons seulement passer encore quelques jours pour ma satisfaction. « Je lui fis alors une profonde révérence et lui dis qu’il étoit le maître. Mon mari cependant me voyoit quasi toutes les nuits, comme l’on verroit une sœur. Nous nous entretenions de cent choses agréables en la présence de cette bonne fille qui avoit assisté à mon mariage. Mon mari s’ennuya à la fin et me dit qu’il vouloit faire déclarer à mon père tout ce qui s’étoit passé ; et pour cet effet il alla trouver