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de Mme de La Guette.

nage qui venoient souvent visiter mon père. L’un s’appeloit du Buat et l’autre Varanne, cousins-germains. Je leur faisois toujours quelque défi touchant le fleuret. Ils avoient assez de complaisance pour se mettre en garde, et parer mes coups. Je m’y échauffois tout de bon, et l’on ne se séparoit point que je n’eusse donné quelque botte. Mon père, qui y étoit présent, y prenoit un plaisir extrême. Quant aux pistolets et fusils, je m’en demêlois assez pour faire feu et tirer juste. Outre ces divertissements, j’avois l’avantage d’avoir les plus belles voisines pour compagnes que l’on pût voir en ce temps-là. Nous nous assemblions presque tous les jours. C’étoient trois beautés blondes, mais dans la dernière perfection et du corps et de l’esprit. L’une se nommoit mademoiselle de Varane[1] ; l’autre, mademoiselle de Fleuri, et la dernière mademoiselle de Quinsi. Tous nos passe-temps aboutissoient à des petits divertissements, tels que sont la guitare, le chant, la promenade, les collations et les bains dans la petite rivière d’Yerre, dont l’eau est la plus claire qui se voie, et la plus

  1. Ou Varennes. C’est le nom d’un village à l’est de la vallée d’Yerre, non loin de Brie-Comte-Robert. Morin dit que le seigneur de Varennes étoit Jacques Du Quesnay (Voir plus loin la note sur le chevalier de Saint-Hubert.) Quincy est un autre village presque en face et de l’autre côté de la rivière. Mademoiselle de Quincy pouvoit bien être la fille de Pierre de Quincy, conseiller au parlement de Paris, dont la veuve fut, en 1649, taxée à 2 000 livres pour la terre de ce nom, par un arrêt du Conseil d’État en date du 15 février : Taxes des maisons sises aux environs de Paris et ailleurs, etc.