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XLIV
Préface.

les paroles de M. Leber, soit toujours très-bon à recueillir.


Madame de La Guette avoit rejoint son fils aîné en Hollande dans l’année 1672. De dix enfants qu’elle avoit eus, quatre seulement lui restoient alors : deux fils officiers au service des États-Généraux, une fille religieuse en France et une autre fille établie à La Haye auprès de la femme de Louis. Il paroît qu’elle n’avoit plus une affection qui la rappelât dans sa patrie ; peut-être s’étoit-elle détachée de tout intérêt en aliénant son patrimoine, quoiqu’elle ne le dise pas. Malgré la cruelle affliction qui lui fut infligée par la perte du fils en qui avoit espéré sa vieillesse, elle continua de demeurer sur la terre étrangère. On peut croire qu’elle y est morte. C’est là qu’elle a écrit ses Mémoires ; c’est là aussi qu’elle les a publiés ; car il résulte évidemment de l’Avis du libraire au lecteur qu’ils ont été imprimés de son vivant, avec son consentement sans aucun doute, avec sa participation peut-être. Elle devoit être dans sa soixante-huitième année. À cette époque, il ne venoit guère de la Hollande que des romans licencieux ou des pamphlets. C’étoit à peu près le temps de l’Europe esclave, du Suisse désintéressé, du Christianissimus christianandus, de la Politique