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XLIII
Préface.

pas moins grande. Quand la mort l’a frappée dans ces objets de ses meilleures affections, elle a eu de ces élans de douleur qui n’inspirent peut-être pas plus de pitié que d’épouvante ; mais la religion a versé sur les plaies de la fille, de l’épouse, de la mère désolée le baume de ses consolations et de ses espérances ; elle en a calmé les irritations ; car madame de La Guette étoit sincèrement, solidement chrétienne, comme on l’étoit au XVIIe siècle. « Dieu me fit la grâce, dit-elle en racontant les derniers instants de M. de La Guette, que je l’exhortai d’une façon tout extraordinaire à passer de cette vie en l’autre avec une grande confiance en la bonté et miséricorde de Jésus-Christ. J’aurois souhaité de tout mon cœur que nous nous en fussions allés de compagnie ; mais Dieu ne le voulut pas, et il fallut boire ce calice sans murmurer contre l’ordre de la Providence. » Il y a dans le récit de la mort de son fils Louis une prière si admirablement remplie des sentiments d’une pieuse soumission à la volonté divine qu’elle s’élève jusqu’à l’éloquence. C’est par ces endroits-là surtout que vaut madame de La Guette ; et ses Mémoires valent plus encore comme peinture de mœurs, comme expression d’une portion de la société qui n’a pas encore eu, que nous sachions, ses chroniqueurs, que comme document historique, quoique son témoignage sur des faits d’une certaine importance, pour répéter