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XLII
Préface.

sons des champs, pendant que leurs maris étoient attachés aux armées. Elle avoit les qualités qui se développent dans les habitudes de la vie champêtre, de cette vie libre, active, laborieuse, de cette vie en plein air, sous la chaleur du soleil et sous le souffle du vent, où l’homme souvent isolé a besoin de se replier sur lui-même pour se rendre compte de sa puissance. Elle avoit l’indépendance de l’esprit, la force du caractère, la sensibilité du cœur. Pendant que son mari étoit engagé dans le parti du prince de Condé, elle tenoit, elle, pour le roi, et elle écrit dans ses Mémoires : « L’on ne doit jamais quitter le service de son roi, quoi qu’il advienne et sous quelque prétexte que ce puisse être. » Aucun événement n’a été capable de l’accabler. Elle a supporté, sans plier un seul jour, le poids de ses propres malheurs et de la disgrâce de M. de La Guette. Les revers de fortune l’ont trouvée insensible en toutes rencontres. M. de La Guette étant revenu de Catalogne « légèrement de bourse et d’autre chose » parce qu’un de ses gens l’avoit volé ; « cela ne me surprit point, dit-elle ; car tous ceux qui font profession de gens d’honneur n’amassent jamais rien à l’armée que de la réputation, qui, à mon avis, est le plus grand avantage que l’on puisse avoir. » Nous avons parlé de sa passion pour son mari. Sa tendresse pour sa mère et pour ses enfants, pour son fils premier-né surtout, n’étoit