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XXXVII
Préface.

Cet amour, au reste, étoit partagé, et elle le dit avec le noble sentiment d’une fidélité qui se rend témoignage à elle-même. Elle y revient en plusieurs circonstances sans affectation, mais aussi sans scrupule. « Je puis dire, écrit-elle quelque part, qu’il m’aimoit d’une façon tout extraordinaire et que j’en étois idolâtre. » Et ailleurs : « Une femme ne sauroit trop aimer son mari. Que l’on dise ce que l’on voudra : je ne fais pas beaucoup de cas de celles qui font les sucrées, parce qu’elles sont très-sujettes à caution. » Madame de La Guette s’est mariée à l’insu et contre le gré de son père. Quoiqu’elle ait été soutenue par sa mère dans cet acte coupable de désobéissance, quoique son union soit heureuse, quoiqu’après bien des soumissions elle ait eu la consolation de rentrer en grâce auprès du vieux Meurdrac, elle n’en demande pas moins pardon à Dieu du fond de son cœur ; elle n’en confesse pas moins sa faute avec humilité ; et elle adjure les jeunes filles de ne pas imiter son exemple.

Avons-nous besoin de dire après cela que pas un nom n’est compromis dans les Mémoires par la médisance ou par la calomnie, que pas une famille n’y est outragée ? Le scandale n’y apparoît pas dans une seule page ; il n’y est pas même soupçonné. Madame de La Guette semble n’avoir connu que des femmes et des filles vertueuses. Elle loue toutes celles dans la familiarité desquelles elle a vécu.