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XXIX
Préface.

absorbées la grande unité française, et à celles des peuples étrangers ; il entroit dans les intérêts des princes ; il se mêloit aux intrigues de la cour ; il avoit accès dans les assemblées des politiques et dans les cabinets des ministres. Avec l’autre il se confine en quelque sorte dans un petit canton de la Brie, entre la rivière d’Yerre et la Marne. Il ne décrit guère que des scènes d’intérieur : ce sont, au milieu des occupations, des loisirs, des plaisirs de la campagne, les luttes et le triomphe d’un amour contrarié, les joies d’une union féconde, les contentements du retour au foyer paternel après les longs éclats d’un juste ressentiment, les douleurs que font sentir au cœur de madame de La Guette les morts successives de sa mère, de son père, de son mari. Quelques épisodes des guerres civiles de la Fronde donnent à ses récits plus d’ampleur et les rattachent plus étroitement à l’histoire : madame de La Guette défend le village et ses domaines de Sussy contre les maraudeurs des deux armées ; par un stratagème ingénieux elle détourne le duc de Lorraine d’attaquer Turenne, campé au-dessus de Villeneuve-Saint-Georges, et peut-être sauve les dernières troupes que le roi pouvoit opposer à la ligue des princes ; elle fait le voyage de Guyenne pour amener son mari au parti de l’obéissance et jeter, par l’intermédiaire de Marsin, les fondements d’une pacification générale ; mais quoique les mou-