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XXVIII
Préface.

ner du crédit à une fable de son invention ? Passe encore, si l’on veut, pour M. de La Guette ; il avoit fait la guerre ; et son nom avoit été cité dans les relations que publioit le seul journal de l’époque ; mais c’est justement de lui que l’auteur des Mémoires parle le moins. Il ne le nomme en quelque sorte que d’une manière incidente ; et il ne raconte pas un seul des combats où M. de La Guette s’est trouvé. Au contraire, il suit madame de La Guette pas à pas, pour ainsi parler, pendant plus de trente ans. Il nous la montre jeune fille chez son père, femme chez son mari, mère auprès de ses enfants. Il nous fait connoître les singularités de son éducation, les aventures de son mariage, les secrets même de son ménage. Tout son livre est plein de madame de La Guette et d’elle seule.

Il n’est pas permis d’admettre qu’un romancier eût commis une pareille faute, qu’il eût ainsi interverti les rôles et qu’il se fût volontairement privé des ressources qu’offroit à la fécondité de sa plume une carrière militaire aussi pleine que celle du mari, pour raconter simplement, nous avons presque dit sèchement, la vie beaucoup moins active, par conséquent beaucoup moins variée et moins remplie, de la femme. Avec l’un il suivoit les armées, il fréquentoit les camps, faisoit des siéges et livroit des batailles ; il s’initioit aux mœurs des provinces, que n’avoit pas encore