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Mémoires

J’appris la triste et fatale nouvelle de la mort de mon cher fils trois ou quatre jours après. Ah ! quels cris et quelles lamentations nous faisions, ma belle-fille et moi ! Tout d’un coup notre maison fut remplie d’un grand nombre de dames qui avoient compassion de nous et qui plaignoient notre perte. Je laissai ma fille entre leurs mains et gagnai ma chambre, où je m’enfermai pour chercher ma consolation du côté du ciel. Ce fut là, ô grand Dieu, que je vous parlai du plus profond de mon âme, et que je me résignai entièrement à votre sainte volonté, vous rendant un million de grâces de celle que mon cher enfant avoit reçue de vous en lui prolongeant sa vie de deux heures pour demander pardon à votre divine Majesté de toutes ses offenses. J’espère, mon Dieu, que vous lui avez fait miséricorde, et que votre bonté aura suppléé à tous ses défauts : c’est la seule consolation qui m’en reste, et qui est la plus grande que j’en puisse avoir.

Il mourut donc glorieusement, regretté de tous les gens d’honneur qui l’ont connu, tant en Hollande qu’en Flandre et même en France. M. de Lira, envoyé extraordinaire d’Espagne à La Haye, qui lui faisoit l’honneur de l’aimer, nous en vint témoigner sa douleur, avec M. le baron de Serin-champs, et nous dit, à ma belle-fille et à moi, les paroles du monde les plus obligeantes, nous faisant offre de sa faveur et même de sa bourse. Il versa quelques larmes de compassion et nous consola autant bien qu’on le peut faire. Je le remerciai le