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de Mme  de La Guette.

son service. Il assura donc les personnes qui lui en parlèrent qu’il étoit tout prêt à passer en Hollande, et qu’il se tiendroit très-heureux de verser jusqu’à la dernière goutte de son sang pour les intérêts d’un si grand prince. La chose fut question (sic) d’avoir son congé de M. le comte de Monterey, qui fit de très-grandes difficultés de le lui donner, car il étoit assuré qu’il perdoit en lui un homme de service ; mais mon fils lui dit tant de raisons qu’à la fin il le lui accorda, et à son frère aussi, ne pouvant faire autrement, car ils n’étoient pas des Espagnols. Il se rendit donc auprès de M. le prince d’Orange, qui le reçut favorablement, et lui donna tout aussitôt de l’emploi, et une compagnie de cavalerie à son cadet.

Quand ses affaires furent assurées, il m’écrivit et me pria fortement de venir passer le reste de mes jours auprès de lui et de presser mon voyage, parce qu’il prévoyoit que les chemins ne seroient pas libres longtemps ; je n’eus point de peine à m’y résoudre, car je l’aurois suivi jusqu’au bout du monde, l’aimant comme je faisois. Je donnai ordre à mes affaires et partis pour Hollande par le carrosse de Bruxelles, où je me trouvai avec deux religieux espagnols et un gentilhomme allemand. Nous ne nous entendions point parler les uns ni les autres, en sorte que nous ne parlâmes point mal de notre prochain, ayant gardé fort exactement le silence depuis Paris jusqu’à Bruxelles.

Quand j’eus mis pied à terre, je m’en allai chez