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Mémoires

mère. Je remerciai très-humblement Son Altesse de son bon avis, et m’en retournai dans la résolution de ne rien faire que je n’eusse le brevet en main. M. de Saint-Hubert revint dans le temps que nous avions dit pour savoir ma volonté. Je lui demandai s’il avoit le brevet ; il me dit que non, et qu’on lui avoit seulement promis la première place vacante ; que cela ne devoit pas m’empêcher de passer outre ; qu’il maintiendroit fort bien ma fille, et que le Roi lui feroit la grâce de lui donner une pension assez avantageuse. Je lui dis « Monsieur, vous avez une grande obligation à Sa Majesté ; mais quand vous serez mort, votre pension sera morte aussi, et ma fille demeurera incommodée, vu que je ne suis pas en état de lui faire de grands avantages, en étant empêchée par toutes les disgrâces que j’ai eues ; de sorte, Monsieur, que je ne prévois pas que nous puissions faire affaire. Je vous serai néanmoins obligée le reste de mes jours pour m’avoir sauvé la vie et pour l’honneur que vous me faites de rechercher ma fille ; mais, Monsieur, sans ce brevet, je ne passerai jamais outre. Il est nécessaire que vous vous mariiez promptement, tout le monde y ayant intérêt, et je voudrois être assez heureuse de connoître quelque demoiselle qui fût digne de vous ; je m’emploierois fortement pour vous servir. » Il me dit : « Madame, vous

    fille, Jeanne-Baptiste de Beauvais, épousa le 1 novembre 1652 Jean-Baptiste Amador de Vignerot du Plessis, marquis de Richelieu, le second des petits-neveux du cardinal-duc.