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de Mme de La Guette.

vous en fera un aussi. » Ce fut à Saint-Germain qu’il en parla au Roi, comme il étoit à table. Il se trouva là une personne de mes amis, qui m’en avertit, parce que le chevalier avoit dit à Sa Majesté le nom de ma fille.

Quelques jours après il vint chez moi pour m’en faire la demande et pour me déclarer ses sentiments. Je reçus sa déclaration civilement et le priai de me donner quelque temps pour y songer, parce que je savois qu’il n’étoit pas fort riche. Quant à la noblesse, il en avoit de reste, étant de la race de saint Hubert. Il me dit que le Roi lui avoit promis un brevet de femme de chambre de la reine pour la personne qu’il épouseroit. Il prit congé de moi et s’en retourna à Paris, afin de me donner le temps que je lui avois demandé. Trois jours après je m’y en allai pour avoir l’honneur de voir Mme la duchesse d’Angoulême, et la suppliai très-humblement de me dire son sentiment là-dessus.

Cette généreuse princesse me témoigna qu’elle considéroit fort le chevalier de Saint-Hubert pour sa vertu, et qu’il étoit homme de bien et fort charitable, et que si le Roi lui donnoit pour sa femme un brevet de femme de chambre de la reine, elle me conseilloit de passer outre ; que ma fille étoit faite d’une manière que la reine pourroit la prendre en affection, et que je savois en quel état avoit été Mme de Beauvais[1] auprès de la reine

  1. Catherine-Henriette Bélier. Tous les mémoires du temps disent assez quelle fut sa faveur auprès d’Anne d’Autriche. Sa