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de Mme de La Guette.

Aussitôt que nous fûmes arrivés à Notre-Dame des Vertus, je fus saluer M. et Mme de Marsin, qui me firent tous deux cent caresses, en sorte que j’étois si satisfaite de leur bon visage que je ne m’en sentois pas. Je demandai à M. le comte de Marsin s’il seroit des nôtres. Il me répondit qu’il avoit une forte inclination pour le service du roi, et que cela dépendroit de Sa Majesté ; mais qu’il prétendoit le bâton de maréchal de France, et que si le roi ne jugeoit pas à propos de l’en gratifier, il seroit obligé de prendre son parti ailleurs, mais toujours avec regret ; qu’il s’en alloit avec M. le Prince trouver Sa Majesté, qui étoit en Provence ; qu’on sauroit bientôt la volonté du roi là-dessus ; que mon fils feroit le voyage aussi ; qu’il me prioit de ne m’en point ennuyer, et que je le reverrois dans peu de temps. Je lui dis : « Monsieur, tous les souhaits que je fais, est que vous finissiez vos jours en France. Il y a plaisir à servir un grand monarque comme le nôtre. » J’en demeurai là, car il survint plusieurs gens de qualité qui les venoient congratuler sur leur retour.

M. de Vibrac, mon mari, mon fils et moi allâmes loger à une hôtellerie séparée, pour nous entretenir à notre aise. Le lendemain nous fûmes prendre congé de M. et Mme de Marsin, puis nous nous en allâmes chez nous. Il y avoit des neiges jusqu’au ventre des chevaux, d’où nous eûmes assez de peine à nous tirer. Huit ou dix jours après il me prit envie d’aller à Mandre pour y voir une maison