Page:La Guette - Mémoires, 1856.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
de Mme  de La Guette.

J’obéis donc, belle Uranie,
À ce que vous m’avez prescrit.
Vous faisant voir par cet écrit
Un petit trait de mon génie.

Toute la compagnie s’écria : « Que cela est plaisant ! » Mme d’Hocquincourt dit : « Je n’en attendois pas moins. Je sais que madame de La Guette prend un plaisir non pareil à dire les choses comme elle les pense ; et voilà justement son humeur. Quant à sa personne, vous la voyez et vous en pouvez faire votre jugement. » Ils dirent tous que j’avois parfaitement bien rencontré, et voulurent en avoir des copies pour emporter à Paris et en rire à leur aise ; ce que je leur permis volontiers.

Mon mari étoit toujours en Flandre, fort empêché de sa personne, n’y ayant voulu prendre aucun emploi et étant le seul qui y demeurât les bras croisés, de tous ceux qui y avoient passé avec M. le Prince. Cela me donnoit de méchants moments de le voir éloigné de la sorte ; mais il falloit attendre la volonté de Dieu là-dessus. Un jour quelques affaires particulières m’obligèrent d’aller à Paris. C’étoit un peu devant le siège d’Arras par les Espagnols[1]. Je logeois d’ordinaire à la Rose rouge[2], dans la rue Saint-Antoine ; et sortant de ma chambre pour retourner chez moi, mon hôte me vint dire qu’il y avoit un monsieur qui me de-

  1. Le siége fut levé le 25 août 1654.
  2. M. Paulin Paris a bien voulu me communiquer l’extrait suivant d’une pièce manuscrite de la Bibliothèque Impériale