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de Mme  de La Guette.

remerciai tous de leur prompte assistance ; car je crois que, sans eux, ma maison auroit été réduite en cendres. Tout le monde se sépara avec joie. Après que le feu fut entièrement éteint, je réprimandai ma femme de chambre de bonne sorte, qui n’eut pas le petit mot à dire, sinon qu’elle se précautionneroit mieux à l’avenir.

Quelques années après, il y avoit bien des gens qui étoient devenus peintres et se mêloient de faire des portraits ; ce qui fit qu’un jour Mme la marquise d’Hocquincourt m’ayant priée d’aller dîner chez elle, où il y avoit fort bonne compagnie, elle me mit aussitôt un papier en main et me dit : « Lisez cela. » C’étoit sa peinture fort au naturel, faite par M. le marquis de Montesson[1], en prose, où il n’avoit rien omis, conformément à l’estime générale qu’elle avoit de tout le monde. Quand j’en eus fait la lecture, elle me dit : « Qu’en dites-vous ? » Voici la réponse que je lui fis, sur quoi il faut savoir que M. de Montesson l’avoit appelée Uranie dans le portrait qu’il en avoit fait :

Uranie, vous êtes belle
Et votre peintre a si bien fait
Qu’il ne se voit point de portrait
Mieux ressembler à son modelle.

  1. Il avoit suivi d’abord le parti du prince de Condé ; mais il fit son accommodement avec la cour en 1653, contribua a la réduction de Bourg, que la Fronde bordeloise avoit livré aux Espagnols, et porta au roi la nouvelle de la soumission de Bordeaux, C’étoit apparemment l’oncle de Jean-Baptiste, comte de Montesson, mort lieutenant général en 1731.