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de Mme de La Guette.

deux ou trois. Il nous fit apporter la collation, et me témoigna qu’il avoit un extrême déplaisir de ce que Mme de Riberac n’étoit pas chez elle, et qu’elle m’auroit reçue d’une autre manière. Il nous dit aussi que Mme de Marsin étoit sa parente, mais que cela n’auroit pas empêché qu’il n’eût arrêté monsieur son mari, étant fidèle sujet et serviteur du roi, comme il vouloit être toute sa vie. M. de La Guette lui témoigna qu’il vouloit partir le lendemain, et que pour cet effet, il le prioit encore une fois de vouloir commander quelques gens pour notre escorte. Il nous dit : « Vous ne partirez pas. Il y auroit du péril pour vous. La raison est qu’il y a de la gendarmerie ici autour qui ont été avertis que M. de Marsin étoit entré dans Riberac vêtu en femme, et ont ordre de bien prendre garde qu’il n’échappe de quelque manière que ce soit ; si bien que Mme de La Guette seroit en danger. Saint-Preüil doit aller demain à Angoulême avec des gentilshommes du voisinage ; vous ferez voyage ensemble et sûrement. C’est pourquoi je le ferai avertir de vous venir prendre, et il n’y manquera pas. Faites votre compte là-dessus. » Mon mari le remercia très-humblement ; puis nous primes congé de lui pour retourner à notre logement. L’hôte, qui avoit tant fait le furibond, nous reçut parfaitement bien, et nous fit si bonne chère que je puis dire que j’y ai bu le meilleur vin du monde. Nous le fîmes manger avec nous, et il nous conta cent choses plaisantes, étant un homme de belle humeur et qui avoit de l’esprit.