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de Mme  de La Guette.

cher, ne sachant de quel côté je me devois mettre.

Aussitôt que nous vîmes la pointe du jour, mon mari quitta la paillasse pour s’en aller au plus vite, et moi je demeurai encore là une heure ou deux à entretenir mes pensées. Monsieur le commandant et quelques officiers vinrent à ma porte pour me donner le bonjour ; je fus sur pied tout d’un coup, ayant couché dans mon fourreau. Ils me demandèrent comment j’avois passé la nuit. Je leur dis que je n’avois point fermé l’œil, et que les puces m’en avoient bien empêchée. Je leur demandai s’ils n’avoient point reçu d’ordres ; ils me répondirent que non, mais qu’ils en attendoient, n’ayant plus moyen de subsister là. Nous parlâmes ensuite de toutes autres choses indifférentes. Quand mon mari fut arrivé à Bordeaux, il donna beaucoup de joie à M.  et à Mme de Marsin et à mon propre fils, parce qu’ils nous croyoient morts, sur le rapport que M. Jourdain leur avoit fait du danger où il nous avoit vus. C’est pourquoi M. le comte de Marsin avoit fait arrêter M. de Marche, lui disant que ce ne pouvoit être que ses cavaliers et ceux de la Marcousse, et que si l’on avoit fait la moindre chose à ma personne, sa tête en répondoit ; en sorte que le pauvre gentilhomme fut bien aise de voir mon mari aussi, car il avoit grande peur. M. de Marsin lui dit qu’il seroit cassé et la Marcousse. Pour cet effet, on envoya un ordre pour faire marcher ces deux régiments droit à la Bastide ; et, par même moyen, mon mari m’écrivit un