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de Mme de La Guette.

« Voilà qui va bien, dit mon mari, car votre quartier est là. » Nous avançâmes toujours chemin, et aussitôt que nous fûmes à Lamone, mon mari demanda le commandant, qui étoit le neveu de M. de Marche. On lui dit qu’il dormoit : « Qu’on l’éveille, repartit M. de La Guette ; il faut que je lui parle. » Il vint à l’heure même, et mon mari lui dit qu’il fît monter quarante à cinquante cavaliers à cheval pour m’escorter ; qu’il vouloit aller coucher à Vair[1], qui est un château sur la Dourdonne. Le commandant lui répondit : « Je n’en ferai pas seulement monter cinquante, mais nous y monterons tout ce que nous sommes d’officiers, et serons bien aises de rendre ce service à Mme de La Guette. Néanmoins, il n’y a point de hasard jusques-là, car tous les paysans vont et viennent sans rien craindre. » — « Si cela est, dit mon mari, je m’en vas, et vous suis obligé de votre bonne volonté. » Quand nous fûmes sortis de Lamone, j’entendis un trompette qui sonnoit d’une façon qui ne me plaisoit pas. Je fis arrêter mon mari, qui alloit devant moi, pour lui dire : « Entendez-vous bien ce trompette ? Je crois que

    dit pas un seul mot de ce curieux épisode de la guerre civile dans son Histoire de la guerre de Guyenne.

  1. Le château de Vair appartenoit au président Jean de Gourgues, du parlement de Bordeaux. Il est fameux dans l’histoire de la fronde bordeloise, parce que Richon, qui y commandoit pour le parti en 1650, fut pendu, sous prétexte qu’il avoit voulu tenir contre l’armée du roi dans une place qui n’étoit pas défendable. Les parlementaires firent fusiller en représailles le chevalier de Canolle, leur prisonnier depuis qu’ils avoient repris l’île de Saint-Georges.