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de Mme  de La Guette.

« Je sais, me dit-elle, que vous avez eu dix enfants et que vous vous connaissez à bien des choses. Je serai bien aise que vous voyiez mon fils et que vous m’en disiez votre sentiment. » Mme de Tourville conduisit Mme de Marsin et moi dans la chambre de ce jeune prince. Aussitôt que j’y fus, je priai madame sa gouvernante de me le faire voir ; ce qui m’ayant été accordé, je le trouvai dans un grand assoupissement. Je demandai à madame sa nourrice s’il y avoit longtemps que M. le duc n’avoit tété. « Oui, me dit-elle, il y a fort longtemps, car il dort toujours, et j’appréhende de l’éveiller. » Je lui dis : « Voyons un peu, car je crois qu’il en a besoin. » Elle lui présenta sa mamelle qu’il prit assez bien, puis il se rendormit aussitôt. Une heure après, je fis faire encore la même chose. Alors il parut tout gai. Je dis à madame sa gouvernante qu’elle prît soin de lui faire donner le téton de temps en temps et que cela lui feroit beaucoup de bien. Mme la comtesse de Marsin s’en retourna chez elle et me dit le soir qu’elle vouloit me faire divertir autant qu’elle pourroit ; que nous irions le lende-

    l’église de Saint-André. « Peu de jours après la reddition de Saintes et de Taillebourg, le prince de Condé se rendit à Libourne, où étoit la princesse, qui neuf mois après s’accoucha à Bordeaux d’un fils. Il fut baptisé dans Saint-André. Le chevalier de Todias, premier jurat de la ville, fut son parrain et la duchesse de Longueville sa marraine. Il s’appeloit Louis Bourdeaux, duc de Bourbon. La joie de cette naissance fut bientôt rabattue, puisque quelques mois après la mort ravit cet illustre enfant et ne laissa à la terre que ses fragiles dépouilles. » Histoire de la guerre de Guyenne, page 30.
    Le prince de Condé écrivoit à Lenet, de Bruxelles, le 3 mai 1653 : « La réconciliation de mon frère et de ma sœur m’a