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Mémoires

croyoit en traiter un, mais il se trompoit fort.

Je pris enfin congé de lui et lui marquai mon déplaisir de ne le pouvoir remercier assez dignement. En sortant du château, je trouvai toute son infanterie sous les armes en double haie. Il étoit bien aise de me la faire voir. Je les regardai tous et lui dis : « Voilà des gens qui ont la mine de se bien défendre si on les attaque. » On m’amena mon cheval. M. le gouverneur me tint l’étrier, quelque résistance que je fisse. Je sautai légèrement en selle jambe de çà jambe de là, n’ayant jamais été à cheval autrement. Il me donna quelques cavaliers pour me conduire à Périgueux. M. le marquis de Chanleau[1], gouverneur de la ville pour M. le prince, prit la peine de me venir voir deux jours après que j’y fus arrivée, et me témoigna son déplaisir de ce qu’il n’avoit pas su que c’étoit moi, d’autant qu’il étoit fort ami de mon mari, et que de plus il venoit de recevoir une lettre de M. de Marsin qui le prioit de me venir offrir tout ce qui dépendoit de lui ; et qu’ainsi je n’avois qu’à ordonner quand je voudrois partir ; qu’il avoit carrosse, litière, et sa bourse à mon service. Je le remerciai un million de fois, en lui disant que j’étois résolue d’attendre mon mari de pied ferme à Périgueux, étant bien assurée qu’il m’y viendroit chercher. Il demeura bien une bonne heure avec moi ; et Sainte-Olive le fut accompagner

  1. N’est-ce pas le même qui étoit un des secrétaires de l’assemblée de la noblesse, à Paris, en 1651 ? Son nom est imprimé au bas des procès-verbaux Chanlost.