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Mémoires

demander par le même homme où je voulois aller le lendemain ; je dis à la Tour Blanche : c’étoit un château et une petite ville qui tenoient pour M. le prince. Il me dit : « Madame, M. le comte de Lavor[1] vous y accompagnera avec d’autres messieurs à l’heure que vous voudrez partir. » Je lui dis : « Ce sera à six heures du matin, si cela ne l’incommode pas. Cependant je vous prie de dire à M. le comte de Brassac que je suis sa très-humble servante, que je publierai partout la grâce que j’ai reçue de lui. »

À six heures du matin, M. le comte de Lavor étoit à la porte de l’hôtellerie avec quatre autres messieurs. Sainte-Olive me le vint dire et me pressa de descendre pour monter à cheval et pour faire civilité à M. de Lavor, qui me prévint et me dit : « Madame, j’ai su que vous vouliez aller à la Tour Blanche : je suis ici pour vous y conduire ; car il y a grand danger par les chemins. » Je lui dis : « Monsieur, votre bonté me met dans la dernière confusion. Je ne puis pas comprendre ce qui vous porte à m’obliger de la sorte, vu que je n’ai point l’honneur d’être connue de vous ; il faut que vous soyez le gentilhomme du monde le mieux faisant. » Il me dit : « Je fais gloire de servir les dames. » Nous nous acheminâmes et parlâmes de toutes autres choses. Les autres messieurs s’entretenoient avec Sainte-Olive, qui n’étoit pas bête. Quand nous

  1. René de Galard de Béarn, seigneur de Lavaure.