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de Mme de La Guette.

dessous qu’on n’entendoit pas, et qu’il en vouloit donner avis à la cour. Je lui dis : « Monsieur, si M. de Jonvelle croit rendre un service au roi en m’arrêtant, il pourroit se tromper et faire le contraire. Qu’il y songe plus d’une fois. » Je dis cela d’un ton assez ferme pour leur faire connoître que je ne craignois rien.

M. de Chavagnac récrivit à Sainte-Olive, lui témoignant d’avoir un grand déplaisir de ne pouvoir envoyer d’escorte, et qu’il étoit obligé de partir pour s’en aller ailleurs. J’eus donc recours à M. de Jonvelle, qui me laissa aller et me donna des fantassins pour me conduire à une petite ville qui est à M. le comte de Brassac[1]. C’étoit un lieu en assez mauvais état, car l’hôtellerie où je mis pied à terre n’avoit qu’un seul lit qui étoit réservé pour lui, à cause de la petite vérole qui étoit à son château. Je me préparois à coucher sur la paille. Ce n’est pas une grande affaire, car on y dort à merveille. Quelqu’un lui fut dire, à la chasse où il étoit, qu’il venoit d’arriver à son hôtellerie une dame qu’on avoit escortée. Il m’envoya incontinent après un cavalier, pour me prier de sa part de prendre sa chambre et ce misérable lit. Je la refusai tant que je pus ; mais il n’en fut autre chose, et il s’en fallut servir. Je ne sais où coucha M. de Brassac ; il ne parut point, peut être pour raison ; mais il me fit

  1. Alexandre de Galard de Béarn, comte de Brassac. Il étoit neveu de Jean de Galard de Béarn, dont nous avons parlé plus haut.