Page:La Guette - Mémoires, 1856.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
de Mme  de La Guette.

porter un grand pâté de venaison, une douzaine de bouteilles de vin et un bassin rempli de fort beaux pavies que j’eus l’honneur de présenter à M. le Prince. Son Altesse en mangea de fort bon appétit et m’en remercia obligeamment. M. de Beaufort[1] et d’autres seigneurs en mangèrent aussi ; et dans le moment que je tenois encore le bassin de pavies, M. le duc de Lorraine envoya M. de Fauges[2], son lieutenant général, pour dire à M. le Prince qu’il ne vouloit pas combattre ce jour-là, qu’il y avoit quelques raisons qui l’en empêchoient, et que pour cet effet, il s’en alloit camper entre Mandre et Sercé[3]. J’entends son armée ; car pour sa personne, Son Altesse de Lorraine logea chez un gentilhomme nommé M.  de Salma-

  1. François de Vendôme, duc de Beaufort, Ce témoignage de madame de La Guette s’ajoute très-bien à celui de Chavagnac, qui affirme que le duc de Beaufort, incertain de la manière dont le Parlement prendroit son duel avec le duc de Nemours, se réfugia dans le camp du prince de Condé. On ne savoit pas à Paris ce qu’il étoit devenu ; et un pamphlétaire prétendit qu’il s’étoit retiré chez les Capucins. Le duel avait eu lieu le 30 juillet ; l’arrêt d’abolition ne fut rendu que le 22 septembre.
  2. « Messieurs de Fauge, chevalier de Rivière… tiendront ici le rang de Télamon, père d’Ajax, roy de l’isle de Salamine, qui assista Hercule au fameux siége de Troie, qui pour récompense de ses services lui donna pour femme la fille de Laomédon ; et ces fameux héros, ayant si fortement appuyé vos généreux desseins en l’expédition de la conqueste de la liberté de messieurs les princes dans l’isle de Limicaritos, pourront espérer à bon droit la récompense due à leurs mérites. » Apothéose de madame la duchesse de Longueville.
  3. Ou Sercey, village au sud-est de Mandre, dans la direction de Brie-Comte-Robert.