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de Mme de La Guette.

s’étoient sauvés chez ma nourrice, l’on vint visiter les plaies du pauvre La Ferté, qui paroissoit homme d’honneur. Il l’étoit effectivement et même gentilhomme. Ses blessures n’étoient pas mortelles. Quand il fut en état de monter à cheval, il me pria de l’ôter de là et de le faire conduire à Saint-Maur, qui est à M. le Prince. Je le fis très-volontiers, ayant toujours pris plaisir à servir les gens. Son Altesse étoit dans la dernière colère contre nos habitants de l’effronterie qu’ils avoient eue d’assassiner ses gardes, et vouloit absolument qu’on ravageât tout le lieu, comme ils l’avoient mérité par leur insolence. M. d’Angoulême eut compassion de ces misérables, et parla à M. le prince en leur faveur. Son Altesse eut la bonté de leur pardonner, en considération de ce prince ; ils en furent quittes pour remonter les cavaliers et payer tous les faux frais qu’ils avoient faits. C’étoit leur faire une grande grâce de les quitter pour si peu de chose.

Durant cette guerre, il y avoit toujours quelque alarme en notre quartier. À la fin M. le comte de Grancé[1], depuis maréchal de France, jugea à propos d’y venir loger avec quatre ou cinq régiments de cavalerie. Quand il en fut à une lieue, un capitaine du régiment de la Villette, nommé Tiffon,

    Je passe, pour faire plus court,
    Le vaillant La Mothe Houdancourt,

    Toute la Fronde y étoit ; et ce n’étoit pas trop.

  1. Jacques de Rouxel, comte de Grancey, depuis maréchal de France.