biens du monde, étant un souverain remède pour ceux qui tiennent de la folie.
Quelque temps après on fit le blocus de Paris[1]. M. le prince de Condé[2] avoit commandé à quelques-uns de ses gardes de se poster à Alfort, proche le pont de Charenton, pour empêcher les paysans d’y mener des vivres. Ces messieurs rencontrèrent un marchand de pourceaux qui en avoit grand nombre, et encore quantité de veaux que d’autres gens menoient dans des charrettes. Ils poussèrent tout cela devant eux, avec dessein de les conduire à Lagny, où étoit le marquis de Persan[3], qui y commandoit pour le roi. Il falloit passer par Sussy, lieu de ma demeure. Aussitôt que nos paysans les aperçurent de loin, ils sonnèrent le tocsin et se mirent tous sous les armes, à dessein de leur ôter leur butin et de courir sur eux ; ce qu’ils firent, le prévôt du lieu à leur tête. Je me tourmentois extraordinairement pour les en empêcher, car je ne doutois pas qu’ils alloient faire une sottise. Je dis à un de leurs capitaines, qui étoit un peu plus raisonnable que les autres, qu’il eût à bien faire connoître à ses camarades qu’il ne falloit point arrêter les gens du roi ; qu’au contraire l’on devoit leur donner aide et secours, s’ils en avoient besoin,