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de Mme  de La Guette.

médecins lui avoient ordonné de mettre le bras dans la vendange afin de le fortifier, et qu’il le prioit de trouver bon que ce fût chez lui. Mon mari lui dit qu’il en étoit le maître et que ce lui seroit toujours beaucoup d’honneur. M. de Marsin aimoit fort mon mari, et mon mari avoit bien de la vénération pour lui, car c’étoit un grand homme, comme chacun a su. Il vint donc habiter dans notre chaumière, six semaines durant. Il y avoit grande cour chez nous pendant tout ce temps-là ; car bien des gens se tenoient heureux de l’approcher. Je faisois les honneurs de la maison le mieux qu’il m’étoit possible. Quand tout le monde étoit retiré, M. de Marsin, mon mari et moi, nous nous entretenions de toutes choses familièrement ; c’étoit un grand avantage pour moi ; car il étoit fort spirituel, et ne parloit le plus souvent que d’affaires considérables. Quand il eut un peu reconnu la portée de mon esprit et qu’il eut remarqué en moi ce que l’on remarque en une femme d’honneur, il me dit : « Madame de La Guette, la reine me veut marier, pour m’attacher plus fortement au service du roi ; M. le Prince veut faire la même chose ; mais je ne le serai jamais que de votre main ; car je suis assuré que vous ne me

    Il fut blessé à l’attaque du village où périt le comte de Mercy, général des impériaux. « Le jour avant la réduction de Furne (qui eut lieu le 7 septembre 1646), la fièvre quarte me prit, dit Chavagnac ; ce qui m’obligea de me mettre dans la ville, où je trouvai le comte de Marsin malade, qui ne l’étoit pas néanmoins assez pour l’empêcher d’en conter à une de nos hôtesses. »