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doivent se fonder les unions futures. Lui seul les légitimera ou les condamnera. Qu’il soit là, et peu importeront les cérémonies religieuses ou officielles. « La formule la plus simple de la nouvelle conception morale, qui gagne chaque jour du terrain sur le dogme moral encore défendu par toute la société et surtout par sa partie féminine, est la suivante : l’amour est moral, même sans mariage légal, même celui-ci est immoral sans amour. » L’union libre — et non pas l’amour libre — tel est l’idéal que propose Ellen Key au grand émoi des moralistes orthodoxes. Elle conçoit d’ailleurs cette union comme quelque chose de durable, de fixe, d’infiniment plus sincère, plus fort et plus vrai que le mariage actuel. Point de caprice fugitif, éclatant et passager comme une rose, mais de robustes arbres qui porteront de bons fruits.

Car dans le mariage, l’avenir importe encore plus que le présent. Les enfants, la société future en sont le but. Si Ellen Key insiste à ce point sur la nécessité de contracter des unions sincères, harmonieuses, c’est qu’à son avis, elles seront les seules, où l’enfant sera, non pas accepté, mais souhaité, et pourra se développer avec joie et bonheur. Ce souci de la race future la préoccupe à tel point qu’elle a préparé tout un code réglant les conditions du mariage et même du divorce futur et surtout le sort des enfants. Par l’amour et pour l’humanité, tel est son rêve.

VI

Soucieuse à ce point du progrès de l’humanité, Ellen Key devait souhaiter une réforme de l’éducation des enfants. C’est l’époque où il est plus important que jamais de bien guider l’être faible et malléable d’où sortira l’homme. Ses premiers pas dans la vie seront décisifs. Lui-même et la société entière continueront à marcher dans la voie prise dès le début. Ellen Key indique par le titre même de son ouvrage pédagogique : le Siècle de l’enfant, toute l’importance qu’elle attache au problème de l’éducation. A ses yeux, « la tâche essentielle de la société, autour de laquelle se grouperont toutes les maurs et toutes les lois sera de former la génération naissante. C’est de ce point de vue qu’on jugera toutes les autres questions et prendra toutes les autres résolu- tions. » Le vingtième siècle sera le siècle de l’enfant, comme le dix-neuvième fut celui de la femme. Digitized by Google