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Et sa main qui tient les destinées du monde
Est saluée, le long du chemin, par la masse des loqueteux.
Sa grandeur est mystérieusement liée à ceux-ci.

Il est, comme vous, convaincu dans sa grandeur solitaire
Dépourvue d’amour, que le principe mauvais,
L’injustice et le mensonge tiennent les freins du monde,
L’histoire humaine l’exprime éternellement ;
C’est l’histoire du marteau qui tombe sur l’enclume.

Et lui — lui, la cime splendide de ceux qui oppriment,
Salue en passant le défenseur muet.
Si vous manquiez sur cette terre, vous la cause ténébreuse
Des révolutions grandioses — la grandeur rayonnante
De César, César lui-même il y a longtemps serait tombé.

Par vos ombres incrédules,
Par vos sourires figés, que la pitié a quittés,
Par vos pensées de justice et de bonté rayonnante,
Par vos ombres seulement, puissances effrayantes,
Il force sous son joug ceux-là qui l’ont haï.


Paris brûle en flots, la tempête s’y baigne,
Des tours tonnantes bondissent, flambantes, comme des torches noires, dans le vent.
Parmi les langues des flammes qui se tordent en vagues,
Cris mugissants, cliquetis d’armes pénètrent la mer embrasée.
Le siècle est un cadavre — Paris est son tombeau.

Dans des rues qu’entrecroisent les flammes aveuglantes.
Montés sur des barricades de monceaux de granit.
Se meuvent les bataillons de la plèbe prolétaire
Avec leurs bonnets phrygiens et leurs armes luisantes ;
Et des cloches en branle retentissent, rauques.

Blanches comme le marbre, comme celui-ci impassible,
Des femmes, l’arme au bras, traversent l’air rouge,