Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/93

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Cette interprétation donnée à la fuite d’André faisait bouillir le sang d’Anina.

— En admettant, Madame, que tout ceci soit vrai, dit-elle, André a-t-il moins de droits à ma reconnaissance, à mon affection  ?

— À la première, non, sans doute ; et l’on vous aidera à lui prouver que vous savez reconnaître un service. À la seconde, oui, certes ; une fille de votre rang ne peut sans folie aimer un bâtard. Je sais même des gens du peuple qui ne voudraient point de ce déshonneur-là. Mais vous avez témoigné un doute, miss Anina, sur la véracité de ma parole ; ce doute est offensant pour moi ; je vous dois une explication, après laquelle j’aurai le droit, je pense, de réclamer une réparation.

— J’attends, Madame.

— M. André, celui que vous appelez votre frère, et que, dans vos rêves de dix-huit ans, vous honoriez même du titre d’époux, est l’enfant d’une fille morte des suites de sa faute, qui n’a laissé pour toute famille au bâtard qu’un aïeul, dont plus tard il devint le soutien.

— Et qu’il a quitté, cependant, ajouta Anina, pour courir le monde à ma découverte.

— Ainsi, pauvre petite, si les recherches de votre