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— Vous êtes fière ! miss Anina, dit-elle.

— Oui, madame ; assez pour donner ma vie plutôt que de commettre une lâcheté.

— Bien. Alors, répondez-moi : connaissez-vous l’homme que vous défendez ainsi ?

— Si je le connais, après quinze ans de dévouement et d’abnégation ! La question est au moins étrange.

— Savez-vous seulement le nom qu’il porte ?

— Il se nomme André et je l’ai toujours appelé mon frère. Avais-je besoin de savoir autre chose ?

— Vous l’eussiez, certes, embarrassé en lui demandant le nom de sa famille.

— Comment le savez-vous, madame ?

— Monsieur André, dit avec une douceur un peu sèche l’orgueilleuse lady, a eu autrefois à Londres un procès dont votre oncle a suivi les débats.

Anina tressaillit. Elle savait trop bien de quel intérêt ce procès était pour elle, et fit un mouvement involontaire pour s’éloigner de sa tante.

— Eh bien ! continua lentement la vipère d’outre-Manche, dans ce procès assez célèbre, du reste, il a été constaté, prouvé que M. André est tout simplement un bâtard. Et M. André a si bien senti, lui, la la honte d’une pareille flétrissure, qu’il s’est enfui de Londres sans attendre la fin de l’affaire.