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mourante. Des précautions dans la fuite étaient indispensables ; je dus tromper les recherches des ravisseurs, faire un long détour pour arriver à Paris.

Hélas ! j’espérais y retrouver deux joies, je n’y rencontrai que le deuil : mon aïeul m’attendait pour mourir, et la mère de ma pauvre petite Anina était déjà au ciel.

» Pleure, mon enfant, en lisant ces lignes, comme je pleure moi-même en les traçant. Depuis deux ans déjà tu n’avais plus de père, tu restais donc orpheline avec moi seul ; moi, presque un enfant alors, pour soutien et pour protecteur. C’est-à-dire, non, il te restait une femme, un ange, qu’on appelait Belle et Bonne, tant son cœur et son visage étaient adorables. Je te parlerai d’elle plus tard ; elle est restée un des plus gracieux souvenirs de ma jeunesse ; elle t’aurait servi de mère si ton intérêt ne nous eût fait un devoir de te conduire à ta famille qui habitait Londres.

» Une femme de chambre dévouée qui avait fermé les yeux de ta malheureuse mère nous accompagna.

» Toute ta famille se composait alors, ma pauvre petite sœur, d’une tante, la sœur de ta mère, mariée à un riche Anglais et mère d’un fils plus âgé que toi. La mort de sa sœur lui permettait de jouir de