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Ce mouvement ressemble à la danse fantastique des ombres évoquées par quelque puissance mystérieuse et exécutant des oscillations sans danger au-dessus des précipices qu’ors a creusés dans le mont. La musique qui les accompagne a bien aussi quelque chose de diabolique : cinquante théâtres ont leur orchestre plus ou moins harmonieux, plus ou moins bruyants : les tamtams et les gongs indous n’ont sûrement rien de comparable à ce tintamarre parisien. La montagne domine les théâtres de planches et les illuminations qui éclairent une foule compacte, serrée, criarde ; plus animée que joyeuse, plus disposée à la plainte qu’au rire.

C’est qu’aussi, non seulement la promenade, mais les rues étroites qui y conduisent, mais le boulevard extérieur lui-même, tout est encombré ; on ne se fraie un passage qu’avec la plus grande peine à travers ce labyrinthe humain et mouvant.

Il y a vingt ans, le mont des Martyrs avait sa fête comme aujourd’hui ; mais cela se passait bien autrement : point de théâtres aux proportions gigantesques, point de locomotives sur les tréteaux, point de machines à vapeur pour mettre en mouvement les chevaux de bois, point de luxe d’illuminations ; mais aussi combien plus de gaîté dans les cœurs, de francs et de gros rires sur les lèvres, de laisser