Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/79

Cette page n’a pas encore été corrigée

faible cachet qui paraissait à son imagination vagabonde de jeune fille renfermer de si terribles mystères.

« Non, tu n’es point ma sœur, avait écrit André ; tu ne l’es point, mon Anina, par les liens du sang et de la famille ; mais tu l’es dans mon âme par l’affection que je t’ai vouée, mais j’ai le droit de me dire ton frère par le dévouement avec lequel j’ai veillé sur ton passé, par celui qui règle mon sacrifice dans l’avenir. Je tâcherai d’être laconique pour ne pas fatiguer ton esprit déjà ébranlé par une révélation inattendue. Je te reverrai, grâce à Dieu, ne serait-ce qu’une seule fois, et je te donnerai, à ton sujet, tous les détails que tu pourras désirer.

« Un jour, Anina, une enfant de trois ans fut enlevée sur une place publique par une troupe de saltimbanques. J’étais jeune alors, et je n’avais pour famille qu’un aïeul paralytique dont j’étais la joie et la consolation. Cependant, ému de la douleur navrante d’une pauvre mère, je jurai de lui ramener sa fille, dussé-je pour cela faire le tour du monde. Mon vieux père me dit : C’est bien ! me donna sa bénédiction et je partis. Six mois se passèrent en recherches, en attente inutile ; je ne perdis pas courage, et Dieu récompensa ma persévérance. Je retrouvai l’enfant et la ramenai le plus vite possible à sa mère