mission jusqu’à ce jour ; promets-moi que tu ne me défendras pas de la continuer.
— Et comment te le défendrais-je ? dit la jeune fille avec accablement. Puis-je donc rester seule au monde ?
André prit ses deux mains, les pressa sur ses lèvres ; elle le laissa faire, trop naïve pour repousser des caresses qu’elle recevait depuis son enfance. Puis, honteuse tout à coup d’un moment de faiblesse, elle leva la tête et attacha sur André son regard pur où se lisait son âme.
— Achève ta confidence, dit-elle. Que tu sois ou non mon frère, tu as droit à mon estime ; mon affection pour toi n’est pas de celles qu’un malheur puisse détruire ou même diminuer.
— Anina, j’ai douté de mon courage, et j’ai bien fait. Au moment de parler, mon cœur se serre ; je sens que les paroles expireront sur mes lèvres sans rien t’apprendre… Ma sœur, mon amie, je suis sans force pour une révélation qui peut m’enlever à jamais ton affection.
Il tira de son sein un papier qu’il remit à la jeune fille.
Elle le prit d’une main tremblante.
— Vous trouverez là, dit-il, l’explication du mystère qui vous entoure ; lisez, et vous me j