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orizon, la jeune fille change d’aspect ; ses yeux s’animent et laissent échapper selon le cours de ses pensées des langueurs ou des flammes ; la grâce de sa personne est parfois remplacée par ce je ne sais quoi de hautain et de glacial qui distingue les filles nobles d’Angleterre. On doit moins l’aimer ainsi, mais on l’admire peut-être davantage.

Tout à coup, une sous-maîtresse vient en courant vers elle.

— Anina ! Anina ! venez vite au parloir ; on vous demande.

— Et qui donc ? demande la fière enfant en tournant lentement la tête, et d’un accent dont, sans doute, elle ne soupçonnait pas la hauteur.

— Votre frère, je crois.

À ce mot, la jeune jette un grand cri de joie, et disparaît avec une rapidité qu’on n’eût pas cru possible à sa nature.

Au parloir, en effet, un homme l’attendait ; la pensionnaire se jeta dans ses bras, le retint si longtemps qu’il fut obligé de la repousser doucement. Elle l’entraîna au jardin.

— Ah ! pourquoi n’es-tu pas venu hier ? demanda-t-elle alors.

— J’aurais été témoin de tes succès, n’est-ce-pas ? mais, ai-je besoin de cela pour savoir