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as voulu troubler son sommeil. Que j’embrasse mon père seulement, et nous mènerons sa mère auprès d’elle.

Belle et Bonne conduisit le jeune homme dans une pièce parfaitement tenue, où, sur un excellent lit, reposait le vieillard malade. D’un coup d’œil, le charlatan devina les soins dont son aïeul était l’objet dans cette maison, la maison du bon Dieu, ou plutôt d’un bon ange. Il ne dit pas un mot, mais ses mains se joignirent, et un long regard de reconnaissance remercia Belle et Bonne, qui s’enfuit, autant pour laisser seuls le père et le fils, que pour retourner au comptoir, dont le mouvement continuel réclamait sa présence.

Le vieillard eut une heure de joie indicible ; mais cette joie, il l’attendait ; il l’avait demandée à Dieu avec tant de sérénité et de confiance !

Le charlatan ne se trompa point sur l’état désespéré où il trouvait son aïeul ; mais cette mort, qui venait lentement, était si tranquille et si calme, elle allait devenir si douce dans les bras d’un fils bien-aimé, que le vieillard semblait lui sourire, et se laissait aller aux premiers engourdissements de la vie avec cette nonchalance d’une personne fatiguée qui s’abandonne à l’assoupissement jusqu’à ce que l’heure du repos ait sonné.

— Ah ! je suis tranquille, mon enfant, dit-il quand