Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/56

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Quatre ans bientôt ; il est temps qu’elle apprenne le métier ; tu seras son maître, morbleu ! j’entends que ce soit ainsi, et qu’elle t’obéisse, la péronnelle. Tu la formeras à ton goût, et je serai grand-père. Sois tranquille, je me charge de tes enfants ; tu n’auras pas à t’inquiéter de leur avenir.

Le Renard grogna ; c’était son habitude quand il était mécontent.

— Est-elle jolie, ta fille ? demanda le charlatan.

— Cré Dieu ! comme les anges du paradis. Est-ce que je te la donnerais, sans ça ? Des yeux aussi bleus que les tiens sont noirs ; des cheveux blonds aux reflets d’or qui te rendraient fou si elle avait quinze ans ; une petite bouche rose comme une cerise demi-mûre. Quel cadeau je te fais là, mon gars ! Si tu étais ingrat, tu mériterais la corde.

Le Renard examinait la figure du jeune homme, mais celui-ci fumait toujours avec la même insouciance.

— Dis donc, père, fit-il en posant tranquillement sa pipe, faudra attendre longtemps après ce cadeau-là.

— Oui-dà ; voyez-vous le coquin qui voudrait épouser tout de suite ma Cécilie. Elle vaut bien la peine qu’on l’attende ; c’est un morceau de roi. Et