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i mes efforts j’ai retrouvé l’enfant ; dans quelques jours, je serai auprès de vous avec elle. »

Il y eut un silence. La malade entr’ouvrit les lèvres sans qu’un seul mot pût en sortir. Mais son regard s’attacha de nouveau sur Belle et Bonne pendant que son doigt montrait la lettre. La jeune femme crut comprendre.

— Reposez-vous en paix sur moi, dit-elle. Vous vivrez ; le bonheur vous rendra à notre affection. Mais si elle venait à vous perdre, soyez tranquille, la pauvre enfant ne sera pas seule au monde.

— Sa famille est à Londres, dit la femme de chambre.

— Je l’y accompagnerai moi-même. Mais, n’eût-elle plus de parents, elle serait ma fille, je vous le jure. Allons, ajouta-t-elle en s’efforçant de sourire, du courage… Espérons… Pour revoir votre fille, ayez au moins la volonté de vivre.

Mais l’agonie ne fait point de grâce ; la mort ne lâche point sa proie ; la fatalité n’a pas d’entrailles.

La mourante voulut répondre à l’appel du dévouement ; l’amour maternel évoqué tenta le miracle qu’on lui demandait ; tout fut inutile.

— Trop tard ! murmura-t-elle comme si elle eût adressé un reproche à la Providence ou un acte de foi à la