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ette crise était sa fin ou sa résurrection. Elle ne douta pas longtemps.

Les yeux toujours fixés sur Belle et Bonne épouvantée, la figure contractée par l’effort qui la rendait un instant aux choses de la terre, la poitrine gonflée par le râle qui ne cessait point, la malheureuse mère laissa échapper en sifflements aigus, plutôt qu’en plainte, les mots suivants :

— Vous… mentez encore.

Belle et Bonne éclata en sanglots et en pleurs.

— Non, madame ; non, elle ne ment pas… Anina est de retour… Bientôt vous pourrez la voir… Celui qui a promis de la retrouver vous la ramène.

La mourante eut un éclair de vie et de sensibilité.

— Ma fille ! dit-elle en tendant les bras. Donnez-moi ma fille.

— Du courage, mon amie, reprit Belle et Bonne. Elle n’est pas là encore, mais elle n ; ; peut tarder.

Et, tirant de son sein une lettre décachetée :

— Voilà l’heureuse nouvelle. Voulez-vous que je lise tout haut ces quelques lignes ?

Sans attendre la réponse, elle prononça d’une voix tremblante, mais lentement, pour se faire bien comprendre :

« Courez, noble cœur, consoler celle que le malheur a faite votre amie ; Dieu a bén