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dant à Dieu une heure de raison et de connaissance, une heure de joie pour la pauvre mère qui s’en allait à lui.

Mais le regard ne s’éclairait pas. Mais le râle devenait à chaque instant plus précipité et plus distinct ; on ne pouvait s’y tromper, c’était l’agonie.

Belle et Bonne, fidèle à sa promesse, n’avait pas renoncé à son œuvre de dévouement : depuis six mois, elle s’était faite la fille du vieillard paralysé, père du charlatan. Depuis six mois encore, elle encourageait et consolait la pauvre mère, qui s’était enfin lassée d’espérer.

C’est que Belle et Bonne, avec la foi d’un cœur généreux, attendait toujours le charlatan. Quand reviendrait-il ? Elle l’ignorait ; mais il reviendrait ; elle n’en eut jamais une heure de doute. En vain la pauvre étrangère, en vain son mari lui-même traitaient-ils d’insensées et de folles ses espérances, elle croyait ! et quelqu’un croyait avec elle : c’était le père du jeune homme, qui l’aimait comme les enfants aiment ceux qui les gâtent, et lui répétait chaque jour : Il reviendra demain ; j’ai rêvé de lui.

Mais la mère, désespérée, ne pouvait plus attendre ; sa santé, naturellement faible, avait été ébranlée déjà par la perte d’un mari qu’elle adorait ; elle était venue demander au ciel de la France la vi