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charlatan, qui, n’ayant point bu encore, parvenait à tenir tête à ses nouveaux camarades.

La chose était à peine terminée qu’un homme entra et vint se joindre à la bande, dont sans doute il faisait partie ; le jeune homme eut un imperceptible tressaillement ; il le dissimula en portant un toast bachique à la santé du nouveau venu, qui, de son côté, le considérait attentivement.

— Je te présente le renard, camarade, dit Hercule ; un rusé coquin, sur ma foi ; l’honneur et le trésor de la famille. Il fera ton éducation.

— Merci, dit le charlatan avec insouciance.

Le renard grogna tout bas et prit à l’écart le chef ambulant. Le charlatan ne saisit que leurs dernières paroles.

— Bah ! disait Hercule, qui se sentait une prédilection marquée pour le bel adolescent pâle et faible ; c’est qu’il voulait enjôler la petite bonne.

Et il haussa les épaules.

— Soyons toujours prudents, ça ne coûte rien.

— Un charlatan qui aurait des scrupules de ce genre ; allons donc. Ça peut se voir, mais ça m’étonnerait furieusement.

Hercule eut alors un éclat de rire qui retentit au delà de la salle ; et, frappant sur l’épaule du jeune homme :